Anna Gold

Je me suis habillée comme elle l’avait voulu, ma mère. J’ai souri. Je voulais lui faire plaisir. Je voulais être la jeune fille à épouser parfaite. J’ai pris la tasse de thé avec la soucoupe. J’ai soulevé la tasse. J’ai voulu prendre une gorgée. Puis, j’ai senti l’arôme du thé. Un haut-le-coeur m’a envahie. J’ai jeté tasse, soucoupe, cuillère par terre. J’ai couru vers la salle de bains et je me suis mise à vomir, vomir ce qu’on m’obligeait à faire, vomir une situation familiale insoutenable, vomir la souffrance, vomir l’absence de mon bien-aimé. J’ étais désespérée. Elle est venue près de moi. Elle m’a regardée froidement. « Il ne manquait plus que cela ! Tu es enceinte ? »

Appelée au chevet de sa mère mourante, Léa Blum reprend le chemin vers celle qui l’avait chassée de sa vie des années auparavant. A Amsterdam, confinée dans le silence et la pénombre de la chambre où repose celle qui l’a fait tant souffrir, la jeune femme se remémore les circonstances de son exclusion. Grâce à une confrontation insolite, elle peut renouer, étape par étape, avec les événements de son passé et éclaircir un certain nombre de questions restées sans réponse. Anna Gold nous offre ici un texte fort, mais en même temps tendre, pudique et tout illuminé de philosophie.


Marie Jeanne Njumba ne savait pas que son nom africain, son métissage, ses origines allaient constituer un handicap pour elle. Elle ne pouvait pas imaginer qu’un jour, elle allait symboliquement se réfugier dans son conduit auditif pour analyser ses souffrances, relever des défis et s’ouvrir au monde.
Quels sont les événements qui vont déclencher sa remise en question ? Son apprentissage de trader à Londres ? Ses expériences professionnelles à Paris ? Ses rencontres amicales ou amoureuses ? Son accident de voiture ?
Pourra-t-elle alors progresser comme elle le désire ? Sera-t-elle capable de percevoir cette fleur ni blanche ni noire, mais métissée qui pousse dans son oreille ?
Car il faut “écouter” et s’écouter” pour entendre...
               
Anna Gold est une écrivaine polyvalente : elle écrit des articles, des essais, des romans, des nouvelles, de la poésie, des contes, du théâtre. Elle réalise également un projet de court métrage dont elle a écrit le scénario.  
Pour son roman, “Dans mon oreille métissée”, elle a notamment choisi la phrase de Voltaire “L’oreille est le chemin du cœur” pour expliquer sa démarche littéraire. En effet, son récit se promène sur le sentier de l’égalité, de la générosité, de l’espérance. Les émotions y sont audibles...

"Agissez avec passion mais pensez avec clarté." (Anna Arendt)
"Faites des bêtises, mais faites-les avec enthousiasme." (Colette)